Restauration de Notre-Dame : entre espoir et inquiétude

29 Octobre, 2019
Provenance: fsspx.news

Ralentissement des travaux de mise en sécurité, morosité des hommes travaillant sur le chantier, incertitude sur la solidité de certaines structures fragilisées, approche de l’hiver et volonté de rouvrir l'édifice au culte : les questions sont nombreuses six mois après l’incendie qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame de Paris. 

Le ralentissement du chantier de mise en sécurité de Notre-Dame était au cœur des préoccupations de Mgr Benoist de Sinety, lors de la conférence de presse donnée le 15 octobre 2019 à la maison diocésaine. Le vicaire général et représentant de l’archevêque de Paris auprès du futur établissement public pour la restauration de Notre-Dame cache mal son impatience : « le temps perdu accumulé a retardé de nombreuses échéances dans l'actuelle phase de sécurisation des lieux », a-t-il ainsi déclaré. 

Le ministre de la Culture, Franck Riester, a tenté de répondre à cette impatience en annonçant le même jour que le démontage de l'échafaudage devrait débuter en novembre pour s’achever en mars ou avril 2020 – soit un retard de trois mois par rapport aux prévisions. 

Ce nouveau délai n’est pas sans soulever une inquiétude : tant que cette phase de mise en sécurité n’est pas achevée, la voûte risque toujours de s’effondrer. Et l’arrivée de l’hiver fait redouter que des éléments du bâtiment se détachent. Le 14 octobre, une des rues adjacentes a d’ailleurs été temporairement fermée à cause de violentes rafales de vent. 

Une autre conséquence est l’explosion des coûts. Chiffré à 30 millions d’euros en avril, le chantier de cette première phase est désormais estimé à 85 millions. 

Rouvrir l’édifice au culte 

Le concours d’architecture lancé pour la flèche et le parvis pourrait aussi ralentir la reconstruction. L’architecte en chef Philippe Villeneuve estime néanmoins sur RTL, que le délai de cinq ans est tenable « si on refait à l’identique » – de quoi décourager toute initiative visant à sacrifier l’œuvre de Viollet-le-Duc, qui s’intègre parfaitement à l’édifice gothique, sur l’autel iconoclaste de l’art contemporain. 

En ce qui concerne la réouverture de l’édifice au culte, le vicaire général se veut optimiste : « d'ici 2024, on peut très bien imaginer rouvrir les portes de la cathédrale même si la dernière pierre du chantier n'est pas posée », affirme Mgr de Sinety. 

Philippe Villeneuve est aussi favorable à cette idée. Il faut, selon lui, « rouvrir la cathédrale rapidement », quitte à ce qu'il reste encore des travaux. « Rien ne nous empêchera ensuite de poursuivre les travaux sur la charpente, la couverture ou autre », a déclaré l’architecte en chef. 

Gilles Drouin, chargé par le diocèse de repenser l'aménagement de la future cathédrale rénovée, avance prudemment : « pour l'instant, on ne sait pas dans quel état se trouve la voûte, mais l'idée est bien de rouvrir les trois ou quatre premières allées de la nef principale aux fidèles et aux touristes une fois que la phase de sécurisation sera terminée ». 

Une chose est acquise dans ce dossier : l'argent du financement est au rendez-vous. Six mois après l'incendie, 922 millions d'euros de dons et promesses de dons ont été reçus pour rebâtir la cathédrale, selon les chiffres du ministère de la culture. « Il est bien trop tôt pour dire si le montant des dons suffira, mais l'Etat assumera ses responsabilités », a assuré Franck Riester.