
En Suisse, six « personnalités alémaniques », « théologiennes » et politiciennes à la retraite, ont décidé de quitter l’Eglise catholique ensemble, dans une lettre commune publiée le 19 novembre 2018. Selon la presse helvétique, elles ont « longtemps attendu un signe de changement en faveur des femmes au sein de l’institution ». Il n’est jamais venu... « Nous partons ! » écrivent-elles.
« Les propos du pape François sont la goutte qui a fait déborder le vase », d’après cette lettre signée par Anne-Marie Holenstein, ancienne directrice d’Action de carême, les deux « théologiennes » féministes Doris Strahm et Regula Strobel, ainsi que les anciennes femmes politiques Cécile Bühlmann, Ruth-Gaby Vermot et Monika Stocker. Elles font référence à l’homélie du 10 octobre 2018, dont le thème portait sur le commandement « Tu ne tueras point ». Le Saint-Père avait alors déclaré : « ce n’est pas juste de se débarrasser d’un être humain, même petit, pour résoudre un problème. C’est comme avoir recours à un tueur à gages pour résoudre un problème ». Pour ces militantes de l’avortement, le pape a commis « un faux pas verbal ». Mais le pire, à leurs yeux, est que ses paroles reflètent « la position de l’Eglise catholique » selon laquelle l’avortement est un péché lourd qui doit être puni par l’excommunication. Elles ne comprennent pas que « des femmes dans le besoin soient criminalisées, alors même que la contraception est interdite ».
Elles en concluent que « la misogynie (?) de l’Eglise fait système depuis des siècles » et dénoncent également « les décisions prises par des hommes d’Eglise célibataires sur le corps et la sexualité des femmes ». Mais aussi la « morale sexuelle misanthrope ». En tant que « féministes », elles ne veulent plus participer à un « système » qui « exclut les femmes » et place « au-dessus de tout » la protection d’un « clergé exclusivement masculin ».
Dans un entretien accordé au quotidien Le Temps, Monika Stocker, 70 ans, déplore que « certaines choses n’ont pas changé pour les femmes, qui restent par exemple exclues de la prêtrise. Tandis que le monde se transforme, l’Eglise se cramponne à sa structure de pouvoir ». Aujourd’hui l’ex-conseillère municipale zurichoise préfère se consacrer à son engagement politique au sein du mouvement « Révolution des grands-mères ».
Les évêques des deux diocèses concernés – Bâle et Coire – Mgr Felix Gmür et Mgr Vitus Huonder, n’ont pas réagi publiquement à ce coup médiatique. La porte-parole de la Conférence des évêques suisses (CES) Encarnacion Berger-Lobato a toutefois affirmé que le départ de ces femmes « préoccupe » les évêques, mais qu’ils ne souhaitent pas s’exprimer à travers les médias. Ils chercheront « plutôt le dialogue direct avec elles » à travers « une rencontre ».