
En France, depuis qu’ils sont remboursés par la Sécurité sociale, de nouveaux tests de dépistage de la trisomie 21 se généralisent au point de faire craindre une hausse des avortements à but eugénique.
Le 21 mars 2019 était la journée mondiale de la trisomie. Afin de dépister cette anomalie chromosomique avant la naissance, des premiers tests sont apparus en France dès la fin des années soixante-dix.
Aujourd’hui, une nouvelle génération d’examens commence à se généraliser : il s’agit d’un dépistage pré-natal non invasif (DPNI) qui analyse, à partir d’un simple prélèvement sanguin, l’ADN du fœtus qui circule dans le sang maternel.
Remboursé depuis décembre 2018 par la Sécurité sociale, le DPNI a officiellement pour but de diminuer le nombre d’amniocentèses, et le risque de fausses couches qui en découle, mais il paraît surtout consacrer un but eugénique, puisque « avec le DPNI on devrait tomber, d’ici à trois ans, à 80 naissances [de trisomiques] par an », prédit le docteur Aimé Ravel, médecin à l’Institut Jérôme-Lejeune.
Sachant que, jusqu’à cette nouvelle génération de tests, 600 enfants trisomiques parvenaient encore à passer chaque année sous les fourches caudines de l’interruption médicale de grossesse (IMG), responsable de 1.400 à 1.600 victimes par an depuis 2014, on est en droit de s’inquiéter pour l’avenir.
Pour Nelly Achour Frydman, biologiste de la reproduction, et responsable du laboratoire de fécondation in vitro à l’hôpital Antoine-Béclère de Clamart, « la vraie question est plus sociétale que médicale », affirme-t-elle dans La Croix du 21 mars 2019.
Selon la spécialiste, « on ne peut pas blâmer les médecins sous prétexte qu’ils n’encourageraient pas les femmes à poursuivre leur grossesse, alors que la société n’organise pas suffisamment l’accueil de ces enfants ».
Cette affirmation n’est pas satisfaisante, car s’il est vrai que l’Etat est principalement responsable de la dérive eugénique constatée aujourd’hui, les médecins ne sont pas pour autant dédouanés de toute responsabilité morale ; il suffit de relire l’antique version du serment d’Hippocrate pour s’en convaincre :
« Je ne remettrai à personne une drogue mortelle si on me la demande, ni ne prendrai l'initiative d'une telle suggestion. De même, je ne remettrai pas non plus à une femme un pessaire abortif. C'est dans la pureté et la piété que je passerai ma vie et exercerai mon art. »