Un théologien critique la déclaration interreligieuse d’Abou Dabi

24 Juin, 2019
Provenance: fsspx.news

Le 2 juin 2019, le site Catholic World Report faisait paraître une étude du capucin américain, Thomas G. Weinandy, à propos de l’affirmation contenue dans la Déclaration sur la fraternité humaine d’Abou Dabi co-signée, le 4 février, par le pape François et le Grand Imam de la mosquée Al-Azhar, Ahmed Mohamed el-Tayeb, selon laquelle : « Le pluralisme et les diversités de religion, de couleur, de sexe, de race et de langue sont une sage volonté divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains ».

Le père Weinandy souligne la gravité d’une telle déclaration : « Le pape François est connu pour ses affirmations ambiguës, mais je trouve que le sens indéterminé de l’affirmation d’Abou Dabi est très grave. Ce qu’elle implique non seulement dévalue la personne de Jésus, mais au-delà elle frappe en plein cœur la volonté éternelle de Dieu le Père. En fait, une telle ambiguïté sape les fondements mêmes de l’Evangile. Une telle subversion implicite d’un mystère si fondamental de la foi, de la part du successeur de Pierre, reste pour moi et pour beaucoup dans l’Eglise – particulièrement pour les laïcs –, non seulement inexcusable, mais surtout source d’une profonde tristesse, parce qu’elle met en danger l’amour suprême qui revient à Jésus et qu’il mérite ».

Après avoir fait référence à Dominus Jesus – le document de la Congrégation pour la doctrine de la foi, en l’an 2000, qui s’employait à réaffirmer que Jésus est l’unique Sauveur –, le père Weinandy n’hésite pas à écrire que même ce document n’est pas véritablement allé jusqu’au bout de la question : « A cause de cette insuffisance, la vérité complète fait défaut, ainsi sur qui est Jésus. Ce que l’on n’y explicite pas pleinement, c’est la manière dont il est le Sauveur du monde et le seul Seigneur. Dans cet essai, je voudrais mettre en évidence les lacunes de Dominus Jesus et, partant, invalider davantage toute interprétation du document d’Abou Dabi qui affirmerait, ou simplement suggérerait, que Jésus et les fondateurs des autres religions seraient d’une égale valeur salvifique, et que donc Dieu aurait voulu toutes les religions de la même manière qu’il a voulu le christianisme ».

En conclusion, le religieux capucin rappelle les vérités de foi, en écartant une excuse spécieuse : « étant donné l’ambiguïté contenue dans la déclaration d’Abou Dabi que le pape François a signée, une réaffirmation forte est maintenant nécessaire. Certains seront enclins à penser (au nom du sempiternel bénéfice du doute) que le pape François ne pensait pas ce que le document semble déclarer et que c’est par inadvertance et donc sans être pleinement conscient des implications doctrinales qu’il l’a signé.

« Quoi qu’il en soit, personne, pas même un pape, ne peut défaire ni outrepasser la volonté de Dieu le Père concernant son Fils Jésus. C’est Dieu le Père qui l’a “exalté et qui lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom” (Ph 2, 9). Le Père a éternellement décrété que c’est au nom de Jésus, et non pas au nom de Bouddha, de Mahomet ni au nom de tout autre fondateur de religion, passé, présent ou à venir, que “tout genou fléchira, au ciel, sur terre et aux enfers et que toute langue proclamera que Jésus-Christ est Seigneur” (Ph 2, 10). Faire cela, ce n’est pas seulement glorifier Jésus mais c’est aussi “à la gloire de Dieu le Père” (Ph 2, 11). Dans son amour, le Père a donné le monde à Jésus son Fils (Jn 3, 16), et “en nul autre que lui, il n’y a de salut, car, sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver” (Ac 4, 12). C’est dans cette vérité suprême qu’il nous faut nous réjouir dans l’action de grâce et la louange ».

Déjà en 2017, le père Weinandy avait adressé une lettre au pape François où il lui reprochait d’être une des causes de la confusion actuelle dans l’Eglise. (DICI n°364 du 10/11/17) En 2018, il a donné une conférence à Sydney (Australie), au cours de laquelle il dénonçait les menaces que certaines théories et pratiques soi-disant « pastorales », encouragées par François, font peser sur l’Eglise « une, sainte, catholique et apostolique ». (DICI n°370, mars 2018) – Ce religieux de 73 ans a enseigné dans de nombreuses universités aux Etats-Unis, à Oxford au Royaume-Uni, et à l’Université pontificale grégorienne de Rome.

Le 24 février 2019, en réponse à la déclaration d’Abou Dabi, l’abbé Davide Pagliarani, Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X, avait déclaré dans un communiqué qu’il « ne peut y avoir de vraie paix hors de Notre Seigneur. Il est donc impossible de trouver la paix en dehors du règne du Christ et de la religion qu’il a fondée. Oublier cette vérité, c’est bâtir sur du sable, et le Christ lui-même nous avertit qu’une telle entreprise est destinée à périr (cf. Mt 7, 26-27). »