Crémation des corps : un abus détestable

Source: FSSPX Actualités

La Résurrection de Lazare (1337), par Giotto.

Certains adeptes de l’incinération prétendent que l’Eglise est l’ennemie du four crématoire, parce que l’incinération contredit le dogme. Mais non ! Il n'y a aucune opposition essentielle entre le dogme et l’usage de la crémation.

Notre croyance à la résurrection ne soulève aucune difficulté contre ce système de sépulture. La Puissance souveraine de Dieu rassemblera un jour les cendres obtenues par la combustion, aussi facilement que celles produites par la décomposition.

Est-ce que la crémation est contraire à la loi naturelle et, par conséquent, intrinsèquement mauvaise ? Encore non ! En temps de guerre ou d’épidémie, l’Eglise autorise l’incinération des cadavres. Cette autorisation exceptionnelle ne serait jamais accordée, si vraiment la crémation était réprouvée par la loi naturelle.

Pourquoi donc ne sommes-nous pas crémationistes ?

Parce que la crémation est contraire à la tradition chrétienne. L’Eglise a toujours inhumé ses morts. Les premiers chrétiens ensevelissaient leurs défunts dans les catacombes. Ils avaient en horreur l’usage païen de brûler les cadavres.

En second lieu, la crémation est contraire à la liturgie funéraire. Le rite de l’inhumation, les prières admirables des funérailles sont merveilleusement propres à inculquer dans l’âme des fidèles les grandes vérités religieuses. L’immortalité de l’âme, la résurrection future, la dignité du corps humain, autant de vérités que rappellent aux catholiques ces prières liturgiques. Sans doute, la crémation ne supprime pas ces vérités. Mais est-elle apte à les symboliser ? Aucunement. Elle est, au contraire, l’emblème de la destruction définitive. Elle suggère l’idée d’un anéantissement total. Elle semble dire à ses adeptes : Ne croyez pas à la survivance de l’homme. Abandonnez toute espérance de résurrection et de vie.

D’ailleurs, quels sont les partisans les plus chauds de la crémation ? Des ennemis de notre religion, des libres penseurs, des francs-maçons. Ces adversaires n’ont-ils pas hautement déclaré que le grand avantage de l’incinération était d’éloigner les prêtres des funérailles et de remplacer la sépulture chrétienne par les obsèques civiles ?

Enfin nous sommes ennemis de la crémation, parce que cette pratique sent la sauvagerie. Elle révolte le sens moral. Jamais le cœur humain, du moins celui qui n’a pas été déformé par la passion ou par le préjugé, n’acceptera cette disparition brutale, violente d’un mort chéri, d’un père, d’une mère, d’une épouse, d’un enfant. Jeter le corps d’un père, d’une mère, dans un four chauffé à blanc, le réduire en cendres, s’en débarrasser le plus tôt possible, comme on se débarrasserait d’un animal contaminé ! N’est-ce pas une pratique révoltante, écœurante ?

Une pratique détestable

Je voudrais reproduire ici le récit d’un académicien qui a assisté à une séance de crémation. En voici un extrait : « C’est la plus poignante impression d’horreur que j’aie jamais éprouvée. Au seul souvenir de ce corps se tordant, de ces bras battant l’air, demandant grâce, de ces doigts crispés et s’enroulant comme des copeaux, de ces jambes noires qui donnaient de grands coups de pied, ayant pris feu ainsi que des torches, il me court les frissons, j’ai la sueur froide au front et, rétrospectivement, je compatis au supplice de ce mort inconnu dont j’ai entendu la chair crier et protester. » Vraiment, la crémation est répugnante. Nous comprenons qu’elle soit antipathique dans nos milieux qui conservent, malgré tout, le respect des morts.

Léon XIII a qualifié cette pratique d’abus détestable. Cette qualification sera ratifiée par tous les peuples civilisés.

Il n’est pas inutile de rappeler sommairement à nos paroissiens la législation ecclésiastique sur le sujet qui nous occupe : 1) Il est interdit de demander la crémation pour soi ou pour les autres. 2) Il n’est pas permis aux catholiques de donner leurs noms aux sociétés de crémation. 3) Un prêtre ne doit pas administrer les derniers sacrements à un catholique qui a laissé mandat de brûler son corps. 4) On ne peut pas offrir publiquement le saint sacrifice de la messe pour des défunts dont les corps ont été incinérés par leur faute. En interdisant la crémation sous peine de faute grave, l’Eglise a voulu atteindre une pratique propagée par la franc-maçonnerie et la libre-pensée, en vue de la diffusion du matérialisme et de l’irréligion.