Le dédoublement de François analysé en trois cercles concentriques (2)

Source: FSSPX Actualités

Le discours fluctuant du pape François – certains parlent de « magistère liquide » – ne laisse pas de troubler les fidèles catholiques. Le 27 décembre 2020, sur son site Internet, le journaliste italien Marcello Veneziani s’interrogeait sur « le mystère du pape et de son dédoublement ». Des analyses d’universitaires et vaticanistes tentent de cerner un peu mieux ce mystère, en trois cercles concentriques.

Un pape dédoublé ou aligné ?

Le deuxième cercle embrasse la personnalité psychologique et les relations politiques du pape.

C’est dans ce contexte trouble que le journaliste italien Marcello Veneziani se pose, sur son site Internet le 27 décembre, la question : « Qui est vraiment François ? ». Sa réponse ou plutôt ses réponses montrent son embarras :

« Est-il du genre “un coup au cercle, un coup au tonneau” [cerchiobottista. Au figuré, se dit de quelqu’un qui par opportunisme ne prend pas une position nette dans une dispute, donnant raison à la fois à l’un et à l’autre. NDT] ou œcuménique ?

« Ou bien est-ce le minimum syndical pour un pape, auquel il ne peut pas se soustraire ? Devons-nous alors considérer cela comme une ruse jésuitique pour dérouter les adversaires, rassurer et garder en main les familles chrétiennes, les catholiques traditionnels et son prédécesseur vivant, Ratzinger, pour ensuite procéder plus rapidement aux travaux de démolition et de changement ?

« Ou bien est-ce simplement que Bergoglio est les deux, il est radical, progressiste, paupériste, no border [contre les frontières et le contrôle de l’immigration. NDLR], mais de temps en temps il ressent l’appel de ses origines, de son enfance, de son sacerdoce passé ; il n’a pas de ligne précise et de convictions bien ancrées, il n’a pas de cohérence doctrinale solide, et donc il oscille, procède en zigzag, comme les incertains, les disciples d’Hamlet et les gens ivres. […]

« Peut-être serait-il plus pape s’il n’y avait pas ce réflexe pavlovien, selon lequel toute action progressiste correspond à un éloge public planétaire, et toute action traditionnelle correspond à un blâme ou à un silence assourdissant et à une censure.

« Le pape Bergoglio a compris que s’il veut bénéficier de l’estime et du soutien des médias et de l’establishment mondial, il doit se placer au milieu entre Greta [Thunberg, militante écologiste suédoise], Carola [Carola Rackete, militante pro-immigration allemande, capitaine du Sea-Watch 3, le navire humanitaire qui a forcé le blocus italien en juin 2019] et Gino Strada [chirurgien italien, fondateur de l’ONG Emergency] … pour être non pas en odeur de sainteté, mais “en odeur de publicité”. »

Un pape argentin marqué par le péronisme

L’universitaire argentin Rubén Peretó Rivas ne voit pas en François un pape psychologiquement dédoublé, mais plutôt politiquement aligné. Dans un courrier adressé au vaticaniste Aldo Maria Valli le 30 décembre, il affirme : « Ceux qui ont promu et voté pour le projet de loi étaient ses propres amis. Il ne s’agit pas d’une interprétation, mais de ce que dit le nombre de votes : 70 % des députés péronistes et 68 % des sénateurs de ce même parti ont voté en faveur du projet de loi.

« Le parti centriste, celui-là même que le pape François réprimande constamment et pour lequel il nourrit un profond ressentiment de classe, a voté largement contre le projet de loi dans les deux chambres. En bref, l’avortement légal en Argentine est l’œuvre des amis de Bergoglio. […]

Au passage le philosophe argentin note : « Ses autres amis, les évêques, ont exprimé aujourd’hui leur regret de l’adoption de cette loi, même si, curieusement, les raisons pour lesquelles ils la jugent injuste sont celles du magistère bergoglien.

« Dans une brève déclaration, truffée d’un langage désordonné de genre [ou “inclusif” : “frères et sœurs”, “Argentins et Argentines”, “garçons et filles”], la Conférence épiscopale argentine déplore que la nouvelle loi “n’accroisse les divisions dans le pays”. La tragédie, pour les évêques, est que nous serons moins unis et que moins de ponts seront établis. Le fait que l’avortement soit le meurtre d’un être humain sans défense est un détail qui ne semble même pas digne d’intérêt. »

En définitive, pour le Pr Rivas, cet alignement sur le péronisme risque de finir par influencer la psychologie du pape : « Ce qui s’est passé à Buenos Aires [lors de la légalisation de l’avortement] montre une fois de plus que le péronisme est un parti politique ayant la morphologie de l’amibe, capable de s’adapter à toute circonstance susceptible de favoriser son maintien au pouvoir et l’augmentation de la richesse de ses dirigeants.

« Le pape Bergoglio n’a cessé de soutenir ce parti politique qui a pu compter sur son aide et son soutien pour remporter les élections de 2019. » Et d’ajouter, avec la rude franchise des Argentins entre eux : « Je me demande si le pontife partagera avec eux la même morphologie zoologique. »

Un pape à la remorque du mondialisme

Selon le philosophe José Arturo Quarracino qui l’écrit au vaticaniste Marco Tosatti le 30 décembre, le gouvernement argentin est lui-même à la remorque de la politique anti-nataliste des mondialistes. En effet, c’est au nom d’un prétendu « droit sanitaire » qu’a été votée la légalisation de l’avortement.

« L’avortement est une question de santé publique », a déclaré le président de la République argentine pour justifier sa légalisation. Or, écrit l’universitaire argentin, « ce fondement “sanitaire” n’a pas été créé ou inventé par le gouvernement, qui se dit progressiste, “national et populaire”, etc., mais simplement copié, puisque, comme nous l’avons dit à plusieurs reprises.

Il a été inventé en 1972 par John Davison Rockefeller III, dans son plan global de contrôle des naissances pour les Etats-Unis, à la demande du président de l’époque Richard Nixon : “la contraception est la méthode de choix pour prévenir une naissance non désirée. Nous pensons que l’avortement ne doit pas être considéré comme un substitut au contrôle des naissances, mais plutôt comme un élément d’un système global de soins de santé maternelle et infantile.” Une curieuse façon de prendre soin de la santé des enfants en les tuant.

« En d’autres termes, la loi sanctionnée n’est pas une loi progressiste née et développée par le duo Alberto Fernández-Cristina Kirchner, mais une loi fondée sur l’idéologie anti-nataliste et génocidaire du pouvoir financier mondial que représente la famille Rockefeller. »

 

A suivre...