Lituanie : un martyr du communisme à l’honneur

Les célébrations vont débuter dès le soir du 24 juin : la cathédrale de Vilnius restera ouverte toute la nuit pour une veillée de prières. Le lendemain, c’est à 14 h que commencera la cérémonie de béatification sous la présidence du cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour la cause des saints. Puis le sarcophage contenant les restes mortels de Mgr Matulionis sera présenté à la vénération des fidèles dans la cathédrale jusqu’à tard dans la soirée. 

Mgr Teofilio Matulionis, né en1873 et mort en 1962, est à l’image de la colline des croix en Lituanie : frappé au fer rouge de la persécution communiste. 

Dès 1909, neuf ans après son ordination, celui qui est encore l’abbé Matulionis est condamné pour avoir baptisé un enfant dont l’un des parents était orthodoxe et l’autre catholique. Il est alors enfermé dans un couvent dominicain, à la demande des autorités impériales russes. À cette époque, les pays baltes appartiennent encore à l’Empire russe et l’Eglise catholique, considérée comme un agent de l’étranger, est sous étroite surveillance. 

La situation ne s’améliorera pas avec la Révolution bolchevique de 1917 : en 1923, l’abbé Matulionis est emprisonné deux ans à Moscou pour avoir refusé de céder à l’Etat les biens de l’Eglise. En 1929, il est secrètement ordonné évêque, à Léningrad. Arrêté de nouveau, il est envoyé au goulag, sur les Îles Solovki, en Carélie russe. 

Il y subit des conditions de détention très dures : confinement, travaux forcés et malnutrition. Condamné sans procès pour dix ans, il est finalement relâché après quatre années d'internement. 

Le prélat profite de quelques années de liberté pour rendre visite au pape Pie XI, qui, le recevant en audience, refuse qu’il s’agenouille devant lui. Le pape - qui condamnera solennellement le communisme en 1937 dans l’encyclique Divini Redemptoris - lui déclare : « Vous êtes un martyr, c’est à moi de m’incliner devant vous ! » Nommé évêque de Kaišiadorys, en 1943, en pleine Seconde Guerre mondiale, Mgr Matulionis dénonce tour à tour les persécutions des nazis et celles des communistes. Ses propos lui valent un nouveau séjour en prison en 1946. 

Pour l’archevêque, les emprisonnements répétés, la surveillance et les écoutes téléphoniques font partie du quotidien. Alors qu’il est âgé de 84 ans, de nouvelles rumeurs d’arrestation lui parviennent, sans jamais entamer sa détermination. 

À l’âge de 89 ans, il subit une ultime perquisition musclée, durant laquelle la police politique lui injecte un poison présenté comme un sédatif. Il meurt trois jours après, le 20 août 1962. 

Mgr Matulionis est un exemple pour le clergé, ayant toujours été fidèle à l’image du Bon Pasteur de l’Evangile. D’ailleurs, lors d’un de ses séjours en prison, le martyr avait écrit : « Pensez combien est bon et miséricordieux Notre Seigneur. Il trouve son troupeau dans les bois, dans la toundra, à minuit… Je le remercie de tout mon cœur ! La Providence nous mènera, nous les frères prêtres, là où vont les croyants. Les pasteurs suivent leur troupeau ».