Synode : entre forfait et pressions

Le cardinal Luis Ladaria Ferrer, jésuite et ancien préfet du DDF a annoncé qu’il avait demandé au Pape d’être « dispensé » d’assister aux réunions du synode sur la synodalité programmées du 4 au 29 octobre prochains. Une absence inattendue qui en réjouira plus d’un du côté des bords du Rhin, où l’opposition de l’ancien « patron de la foi » au Chemin synodal allemand avait été remarquée et peu appréciée. Il faut dire que les dernières semaines n’ont pas été de tout repos pour Mgr Ladaria.

La lettre du pape François nommant son successeur à la Doctrine de la foi, lui enjoignant de ne pas reproduire les « méthodes immorales » de ses prédécesseurs : « le Dicastère que vous présiderez, en d’autres temps, en est venu à utiliser des méthodes immorales », a sans doute été peu goûtée.

« C’était une époque où, au lieu de promouvoir la connaissance théologique, d’éventuelles erreurs doctrinales, étaient poursuivies. Ce que j’attends (de vous), c’est certainement quelque chose de très différent », avait encore déclaré le souverain pontife.

De plus, selon plusieurs médias italiens, la décision du porporato espagnol aurait été prise quelques heures après une note publiée le 18 septembre dernier par le vicariat de Rome, l’instance qui dirige au nom du pontife romain le premier diocèse de la chrétienté, et que François a réformé en janvier dernier.

Une note dans laquelle est remis en cause le travail d’enquête mené par le Dicastère pour la doctrine de la foi (DDF) dans l’affaire Ivan Rupnik, du nom du jésuite slovène présumé coupable de nombreux abus sur des personnes réputées en état de faiblesse : « sur la base d’un abondant matériel documentaire étudié, le Visiteur a pu constater et donc signaler l’exécution de procédures gravement anormales », écrit ainsi le vicariat de Rome.

Autant de coups portés à celui que le pape François avait choisi pour succéder au cardinal Ludwig Müller et qui ont peut-être joué dans sa décision de ne pas participer à un synode qui risque fort – vue la liste des participants – de se transformer en une foire d’empoigne dont l’image de l’Eglise ne sortira pas grandie, et dans lequel il n’aurait eu tout au plus qu’un rôle de figurant.

« Pure fantaisie », contre-attaque la Salle de presse du Saint-Siège qui, ce n’est pas courant, tente de dissiper les rumeurs : « Concernant les articles de presse relatifs aux raisons pour lesquelles le cardinal Ferrer ne participera pas à la prochaine assemblée synodale, en accord avec Son Eminence, il est précisé que ces reconstructions n’ont aucun fondement et sont le fruit de la pure fantaisie.

« La vérité des faits est qu’après avoir achevé son mandat de préfet du DDF, le cardinal Ladaria, âgé de près de 80 ans, a demandé de ne pas participer au synode exclusivement en raison de la fatigue accumulée et de son désir de prendre un peu de repos », déclare le Vatican dans une mise au point du 23 septembre dernier.

Hasard du calendrier ? Immédiatement après la décision du cardinal, la Conférence des évêques d’Allemagne (DBK) et le Comité central des catholiques laïcs allemands (ZdK) ont décidé de rendre publique une lettre envoyée au Vatican en juin dernier, dans laquelle ils demandent au souverain pontife de se prononcer clairement sur les propositions votée outre-Rhin par le Chemin synodal.

Des propositions qui vont à l’encontre de la Constitution de l’Eglise, et contre lesquelles le cardinal Ladaria s’était élevé. Ce qui est certain, c’est que la publication des exigences allemandes a pour effet de mettre la pression sur le Vatican à la veille d’un synode de tous les dangers. Du côté de Sainte-Marthe, il n’est pas dit que ce genre de méthode soit vraiment apprécié.