Monde : Pourquoi le film Silence « enseigne » et « justifie » l’apostasie

Quelle: FSSPX Actualités

L'acteur Liam Neeson interprète un prêtre jésuite.

Le cinéaste américain Martin Scorsese, réalisateur du film scandaleux La dernière tentation du Christ, aborde de nouveau la question de la foi catholique dans une œuvre cinématographique intitulée Silence. Inspiré d’un roman de l’écrivain japonais Shosaku Endo, publié en 1966, le film est sorti le 23 décembre 2016 aux Etats-Unis et sortira le 8 février 2017 en France.

L’histoire se passe au XVIIe siècle. Deux prêtres jésuites se rendent au Japon pour retrouver le P. Ferreira, disparu « alors qu’il tentait de répandre les enseignements du catholicisme ». Selon, le site AlloCiné, qui recense toutes les sorties de film en France, ils découvrent « un pays où le christianisme est décrété illégal et ses fidèles persécutés », et ils devront mener « dans la clandestinité cette quête périlleuse qui confrontera leur foi aux pires épreuves ».

Cité par le magazine Première le 22 août 2016, l’acteur principal Liam Neeson explique que le film évoque principalement « la question de la foi » : « Dieu existe-t-il ? Nous nous demandons cela tout le temps. Quel est le sens de la vie ? Qu’est-ce que la foi ? Pourquoi croyons-nous ? Pourquoi se lever le matin ? C’est la base, et c’est ce dont le film parle tout en dramatisant ces questions de manière exceptionnelle ». Une foi qui est, selon le réalisateur lui-même, « toujours en lui ». D’après l’agence cath.ch le 4 janvier 2017, Martin Scorsese raconte qu’il est entré au petit séminaire à l’âge de 14 ans, et qu’il en a été expulsé un an plus tard pour indiscipline. Mais sa « quête spirituelle » ne l’a « plus quitté » dès lors qu’il a « commencé à réfléchir à la manière dont elle devait s’incarner » dans ses « actes quotidiens ».

Silence a été diffusé en avant-première au Vatican, le 29 novembre 2016. Le lendemain, le pape François a reçu le réalisateur américain accompagné de sa femme et de ses enfants, ainsi que le producteur du film. D’après Radio Vatican, le 30 novembre, la rencontre de 15 minutes a été qualifiée de « cordiale ». Le pape a dit à ses hôtes avoir lu le livre japonais à l’origine de ce film. Il a évoqué les fruits de la présence des Jésuites au Japon, ainsi que le Musée des 26 martyrs inauguré l’an dernier à Nagasaki, à la mémoire des chrétiens japonais persécutés à la suite de l’interdiction du christianisme au XVIe siècle.

De passage à Paris le 12 janvier pour présenter son film, Martin Scorsese s’est confié le lendemain à Paris Match. Il évoque son « obsession » pour cette histoire. Il admet être « troublé par la perte de spiritualité de notre époque dans ce monde technologique ». Selon lui, le roman de Shosaku Endo est « un dialogue avec des choses que l’on ne peut pas comprendre ou embrasser, des choses que l’on ne peut pas définir ». Il nous fait « ressentir à quel point la spiritualité fait partie de la nature humaine et nous nourrit ».

De façon moins descriptive, le 27 décembre, le site Reinformation Tv proposait la traduction d’une critique bien argumentée de Brad Miner pour le site américain The Catholic Thing. L’auteur déplore que le livre d’Endo (et sa nouvelle version cinématographique) « ne parle pas du martyre : il parle de la manière de l’éviter. Avant tout, les autorités veulent l’apostasie (sincère ou non) et la plupart des personnages principaux apostasient ».

Pour The Catholic Thing, le film de Scorsese, « n’est pas un film chrétien » réalisé « par un cinéaste catholique », mais « une justification de l’absence de foi : l’apostasie devient un acte de charité chrétienne lorsqu’elle sauve des vies, de même que le martyre devient quasi satanique lorsqu’il fait augmenter la persécution. » Selon Brad Miner, Scorsese va même encore plus loin : puisque le Christ n’a pas empêché son propre martyre, « c’est lui, quelque part, dans cette infernale logique, qui porterait la culpabilité des tortures, des douleurs, des supplices qui ont frappé ceux qui l’ont suivi jusqu’au bout ».

Une critique que confirme le site hispanophone Religión en Libertad le 10 janvier. Le P. Jorge López Teulón considère que Silence est un film « mauvais » parce qu’il « enseigne » et « justifie » l’apostasie, au nom du refus de la souffrance. De surcroît, Scorsese prétend démontrer que le catholicisme est incompatible avec le Japon, tout en mettant sur le même plan bouddhisme et christianisme. Le prêtre espagnol y voit au final « un film qui attaque directement des vérités de foi, un film qui se permet de corriger le Christ et contredit la Parole même de Dieu, révélée dans les Ecritures ».

Sur son blog Chiesa, le vaticaniste Sandro Magister cite, le 9 janvier, une critique de l’évêque auxiliaire de Los Angeles, Mgr Robert Barron. Le prélat américain fait remarquer que « l’establishment laïc dominant préfèrera toujours les chrétiens qui sont hésitants, incertains, divisés et soucieux de privatiser leur religion » Alors qu’à l’inverse, il présente « les personnes ardemment religieuses » comme étant « dangereuses, violentes » et « pas très intelligentes ».

Au final, comme le souligne Brad Miner dans The Catholic Thing, on jette « le discrédit sur cette fidélité radicale » qui est demandée aux chrétiens, jusqu’à la mort. Fidélité qui « ouvre aussi les portes du Ciel ».