Au Congo, l’Eglise s’élève contre le chaos organisé par les milices djihadistes

Source: FSSPX Actualités

L'archevêque de Kinshasa (RDC), le cardinal Fridolin Ambongo Besungu, s'est rendu au chevet des populations meurtries de Beni. Très attendu par les habitants, le haut prélat congolais a dénoncé les massacres perpétrés par l’Etat islamique (EI) dans la région. 

En visite dans la ville de Béni les 27 et 28 décembre 2019, le cardinal Fridolin Ambongo a pu se rendre compte du chaos régnant dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). 

Au cours de la messe célébrée en mémoire des saints Innocents, le haut prélat a établi un parallèle entre l’évangile du jour et la réalité de Beni, où 213 civils ont été massacrés en moins de deux mois : « Aujourd'hui l'Eglise fête les saints Innocents. Je tourne ma pensée vers toutes les personnes innocentes dont la vie a été brutalement fauchée. Ma pensée va à toutes les personnes particulièrement ici à Beni que j'ai vues de mes propres yeux, contraintes d'abandonner leurs villages et leurs biens, afin de trouver refuge ailleurs dans des conditions précaires ». 

L’horreur constitue en effet le quotidien des habitants d’une région où les massacres de civils à la machette terrorisent les populations depuis plusieurs semaines. Ainsi le 27 novembre 2019, dix-neuf corps démantelés étaient retrouvés, à dix kilomètres seulement d’une base de casques bleus. 

En deux mois, une quinzaine d’attaques ont déjà été dénombrées. Elles ont le plus souvent lieu à l’arme blanche, les corps des victimes égorgées étant laissés atrocement mutilés. Autant d’actes sanglants – sans parler des pillages et des viols – attribués aux Allied Democratic Forces (ADF), une secte ougandaise composée de musulmans ayant rallié l’organisation Etat islamique sous la conduite de leur chef, Musa Baluku.  

Le fondateur des ADF, Jamil Mukulu, est un Ougandais apostat, converti à l’islam et formé à Riyad, la capitale de la monarchie wahhabite. Opposant au président ougandais Yoweri Museveni, il a pris la tête d’une dissidence armée avec le soutien des Saoudiens, des Soudanais et du président zaïrois Mobutu Sese Seko. 

Dans ce contexte, le cardinal Ambongo a dénoncé la « balkanisation » de la région : « pour l’ennemi, le but est de semer la terreur, afin d’obliger les populations à déguerpir, laissant par ce fait libre court à d’autres occupants de venir s’installer ». 

Mgr Ambongo est par ailleurs critique par rapport à la passivité de la MUNISCO, la « Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo ». Il en appelle au soutien des autorités de Kinshasa, afin qu’elles mettent en œuvre des moyens matériels conséquents pour venir à bout de ces incursions mortifères.