Inde : jeûne, prière et mobilisation à la veille des élections

Source: FSSPX Actualités

A l’approche d’élections nationales qui seront décisives pour son avenir, la communauté chrétienne d’Inde appelle les fidèles à se mobiliser afin d’empêcher une nouvelle victoire des nationalistes hindous au pouvoir. Dans le même temps, les violences perpétrées contre les chrétiens se multiplient, et le premier ministre Narendra Modi fait la chasse à ses opposants afin d’assurer un troisième mandat.

Durant les trois premiers mois de l’année, le pays des maharajas a connu une recrudescence significative des actes perpétrés à l’encontre de la minorité chrétienne qui représente environ 2% de la population. Ainsi, du 1er janvier au 15 mars derniers, plus de 160 actes antichrétiens ont été recensés par l’ONG United Christian Forum (UFC).

Avec quarante-sept incidents violents signalés, le Chhattisgarh (au nord-ouest du pays) est en tête de la liste noire des Etats de la Fédération où les chrétiens sont les plus ciblés. Même dans leur mort, car les baptisés se voient souvent refuser une sépulture chrétienne au profit de l’incinération forcée : une façon pour la majorité hindoue d’imposer un acte de conversion post-mortem, ce fameux Gharwapasi – retour à la maison – qui est au cœur du programme porté par le Bharatiya Janata Party (BJP) du premier ministre Narendra Modi.

S’adressant aux médias indiens le 22 mars 2024 de Kottayam, ville de l’Etat du Kerala (Inde du Sud), le patriarche de l’Eglise catholique de rite syro-malabar a décrit la situation que vivent les chrétiens sur place : « L’augmentation des attaques contre nous est douloureuse, surtout quand on se rappelle que le pays a une Constitution solide qui nous donne le droit de pratiquer notre religion », a déclaré Mgr Raphael Thattil.

Le haut prélat – dont l’Eglise orientale unie à Rome est en proie à des divisions liturgiques profondes – appelle les fidèles à exercer leur droit de vote à l’occasion des élections nationales qui doivent se dérouler du 19 avril au 1er juin prochains dans le pays : « L’Eglise ne soutient aucun parti politique, mais nous demeurons très préoccupés de la contraction de la liberté religieuse dans l’espace public », avance pour sa part le père Antony Vadakkekara, porte-parole de l’Eglise syro-malabare.

Afin de préparer des élections qui seront décisives pour l’avenir des catholiques du pays, la Conférence des évêques d’Inde a proclamé le Vendredi saint 2024 « Journée nationale du jeûne et de la prière ». Ce jour-là, les fidèles ont répondu nombreux à l’appel des évêques du pays, se réunissant dans les paroisses pour participer aux nombreuses activités spirituelles prévues en plus des traditionnels offices du triduum pascal.

Les dix-huitièmes élections législatives de la République indienne seront étalées en sept phases afin de permettre à près d’un milliard d’Indiens de voter : ainsi, quelques 970 millions d’électeurs vont être appelés successivement aux urnes, selon leur région, pour élire les 543 députés de la Lok Sabha, la chambre basse du Parlement.

Pour réaliser cette prouesse électorale, il faudra recourir aux services de quinze millions d’agents électoraux pour tenir un million de bureaux de vote et acheminer les machines électroniques jusque dans les régions les plus pauvres du pays.

A soixante-treize ans, Narendra Modi, l’homme fort de l’Inde courtisé par les chefs d’Etat du monde entier, entend bien conquérir un troisième mandat mais aussi obtenir une majorité qualifiée.

L’opposition redoute qu’il ne veuille modifier la Constitution de 1950 et instaurer un régime différent de celui légué par les fondateurs après l’indépendance, au nom d’un nationalisme exacerbé où aucune religion, sinon l’hindouisme, n’a sa place sur le sol indien.