Irlande : le « non » au référendum pour modifier la Constitution

Source: FSSPX Actualités

Mgr Marcel Lefebvre et le président de l’Irlande, Eamon de Valera, en mars 1964, au collège Rockwell

Le vendredi 8 mars, un référendum était organisé par le gouvernement pour modifier la Constitution. Ce référendum, organisé symboliquement lors de la « Journée internationale de la femme », portait sur le mariage et la place de la femme dans la loi fondamentale de l’Irlande.

La Constitution irlandaise, conçue pour remplacer celle qui avait été en vigueur depuis la séparation de l’Etat d’Irlande du Royaume Uni en 1922, fut rédigée par Eamon de Valera, Premier ministre, qui assuma ce poste trois fois entre 1932 et 1959, avant d'être président de 1959 à 1973.

Considérée comme une constitution modèle, elle est approuvée par référendum en juillet 1937 et entre en vigueur en décembre 1937. C’est cette Constitution que le Premier ministre Leo Varadkar, en fonction depuis décembre 2022 – et qui a fait son coming out en 2015 – voulait modifier sur 2 points.

Les articles de la Constitution visés par la modification

L’article 41-1-1 dispose que « L’Etat reconnaît la famille comme le groupe naturel, primaire et fondamental de la Société, et comme une institution morale possédant des droits inaliénables et imprescriptibles, antérieurs et supérieurs au droit positif » et le 41-3-1 : « L’Etat s’engage à prêter une attention spéciale à l’institution du mariage sur laquelle la famille est fondée et à la protéger contre toutes les attaques. »

L’article 41-2 de la Constitution contient deux passages destinés à protéger les femmes, dénoncés par les mouvements féministes comme « patriarcaux », « archaïques » et « sexistes ». La mention du rôle pour la société des femmes « au foyer » est vivement remise en cause par les mêmes groupes.

L’article 41-2 se compose ainsi de deux paragraphes : « 1- En particulier, l’Etat reconnaît que, par sa vie au foyer, la femme apporte à l’Etat un soutien sans lequel le bien commun ne peut être atteint. » « 2- L’Etat, par conséquent, s’efforce de veiller à ce que les mères ne soient pas obligées par les nécessités économiques à travailler en négligeant les devoirs de leur foyer. »

Les amendements proposés

Le trente-neuvième amendement ou « Amendement sur la famille » (The Family Amendment), propose d’insérer une phrase dans l’article 41-1-1 : « L’Etat reconnaît la famille, qu’elle soit fondée sur un mariage ou sur une autre forme de relation durable, comme le groupe naturel, primaire et fondamental de la Société, et comme une institution morale possédant des droits inaliénables et imprescriptibles, antérieurs et supérieurs au droit positif. »

L’amendement supprime également une partie de la phrase de l’article 41-3-1 : « L’Etat s’engage à prêter une attention spéciale à l’institution du mariage sur laquelle la famille est fondée et à la protéger contre toutes les attaques. »

Le quarantième amendement ou « Amendement sur l’aide » (The Care Amendment), propose de remplacer les deux paragraphes de l’article 41-2 par le texte ci-dessous, qui deviendrait l’article 42B, tandis que les articles 41-3 et 41-4 deviendraient les nouveaux articles 41-2 et 41-3 :

« L’Etat reconnaît que l’aide apportée par les membres de la famille les uns aux autres en raison des liens qui existent entre eux apporte à l’Etat un soutien sans lequel le bien commun ne serait pas atteint, et s’efforce de soutenir cette aide. » 

Les amendements rejetés par le peuple

Malgré le soutien du gouvernement, les deux amendements ont été rejetés par le peuple au cours du référendum le 8 mars dernier. Pour une participation de 44,36% le 39e amendement a été rejeté par 67,69%. Quant au 40e, il a été rejeté, pour la même participation, par 73,93% de « contre ».

Sur les 39 circonscriptions du pays, une seule a voté « pour » le premier amendement proposé. Et le second a été rejeté dans toutes les circonscriptions d’Irlande, par le pourcentage le plus élevé de votes « contre » pour un référendum constitutionnel.

Les évêques catholiques d’Irlande avaient conseillé aux fidèles de voter contre les deux amendements. Dans une déclaration lue lors des messes du dimanche 25 février, ils affirmaient que l’amendement sur la famille est susceptible d'affaiblir l’incitation des jeunes à se marier, et le second amendement sur les soins abolirait toute référence à la maternité dans la Constitution.

Un vote réjouissant pour la « santé » de la société irlandaise. Il faut toutefois se rappeler que l’Irlande, ce pays de 5,3 millions d’habitants, a légalisé le mariage pour les couples de même sexe en 2015, et l’avortement en 2018, pour une population qui se déclare à 58,3% catholique.