Le pape François a reçu le président argentin
Il ne manquait plus que les sombreros et les Havanes dans la bibliothèque privée du pape en ce 12 février 2024, tant l’ambiance était à la joie : le souverain pontife recevait pour la première fois au Vatican le nouveau chef de l’Etat argentin. Un homme politique haut en couleur qui n’avait pas hésité à insulter copieusement le pape François durant la campagne électorale.
« Tu t’es fait couper les cheveux ? Non, je me suis peigné ! » Le ton de l’entrevue entre le pontife argentin et Javier Milei est donné dès l’accolade échangée dans la bibliothèque privée du pape. Tout avait été réglé afin de faire oublier une campagne électorale durant laquelle le nouvel homme fort de l’Argentine avait injurié le pape en usant de propos orduriers.
« El loco, le fou » – c’est le surnom donné au nouveau président, en raison de sa coupe de cheveu et de son tempérament – avait assisté la veille, dans la basilique Saint-Pierre, à la messe de canonisation de la première sainte argentine, Maria Antonia de San Giuseppe de Paz y Figueroa, mieux connue sous le nom de « Mama Antula ».
Le ministre argentin en charge des cultes, Francisco Sanchez, résume ainsi la rencontre : « La réunion a eu des aspects surprenants, il y a eu de nombreux gestes d’affection entre les deux hommes, elle s’est déroulée de manière très cordiale avec beaucoup de sympathie, durant plus d’une heure, une durée bien plus longue que ce qui est de coutume dans ce genre d’entretiens. Tout s’est déroulé au-delà de ce qu’on pouvait attendre et cela nous a évidemment satisfaits. »
Un autre argentin, le cardinal Victor Manuel Fernandez, préfet du Dicastère pour la foi, a aussi échangé avec Javier Milei et s’est confié à la presse sur les insultes portées par son compatriote contre le pape durant la campagne électorale : « cela faisait partie selon moi d’une stratégie de marketing, Milei a abordé le pape avec beaucoup d’affection ce matin », a déclaré le haut prélat qui n’a pas voulu commenter une éventuelle prochaine visite en Argentine du souverain pontife.
El loco – qui a renouvelé officiellement son invitation à François en Argentine – s’est également expliqué de son brusque changement d’attitude vis à vis du successeur de Pierre : « L’une des choses que j’ai comprises est que le pape est la personne la plus importante de toute l’Argentine, il est le chef des catholiques dans le monde entier. Et j’ai dû reconsidérer certaines de mes positions et, à partir de ce moment-là, nous avons commencé tous les deux à construire une relation positive. »
Le communiqué de presse officiel du bureau de presse du Saint-Siège a noté qu’après sa rencontre avec le pape François, Javier Milei a été reçu par le secrétaire d’Etat du Vatican, le cardinal Pietro Parolin, ainsi que par l’archevêque Paul Richard Gallagher, le secrétaire aux relations avec les Etats et les organisations internationales.
Nul doute que la situation intérieure de l’Argentine n’ait été au cœur de la discussion : le pays traverse une crise politique et économique profonde, une partie de la population souffre même de la faim.
Parallèlement aux premières mesures d’austérité décidées par Javier Milei au lendemain de son élection : libéralisation des prix et dévaluation de 50% du peso sur fond d’inflation record (211%), le gouvernement argentin, encouragé par l’épiscopat, a annoncé en janvier dernier des mesures d’urgence à destination des plus démunis, comme le doublement des bons alimentaires, jusqu’à 91.000 pesos (100 euros) et des allocations familiales à 41.000 pesos (40 euros).
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(Sources : Vatican News/Vatican Insider – FSSPX.Actualités)
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