Procès du Vatican : les plaidoiries des parties civiles

Source: FSSPX Actualités

Le président du tribunal Giuseppe Pignatone

Rentrée judiciaire sur les chapeaux de roue pour le tribunal du Vatican les 27, 28 et 29 septembre 2023, avec la reprise du procès du siècle après une pause estivale bien méritée pour les magistrats. Au menu des soixante-huitième, soixante-neuvième et soixante-dixième audiences : les plaidoiries des avocats des parties civiles.

Roberto Lipari, défenseur de l’Institut des œuvres de religion (Ior) – improprement appelé la « banque » du Vatican – est intervenu pendant plus de quatre heures, rappelant que le pape était normalement le seul autorisé à décider de l’utilisation des 700 millions d’euros alloués à la secrétairerie d’Etat entre 2004 et 2020.

Un droit dont ont fait fi les accusés qui auraient considéré l’Ior comme « un distributeur devant répondre toujours positivement à leurs exigences ». Roberto Lipari a demandé au tribunal le remboursement de 206,5 millions d’euros en réparation des sommes « illégalement soustraites » au Saint-Père, la « principale victime » du procès. Et un dédommagement pour atteinte à la réputation, dont le montant, établi par un rapport d’experts, s’élèverait à 987 494 euros.

Le 28 septembre, c’était au tour de Paola Severino de plaider pour la secrétairerie d’Etat, victime selon elle « d’abus  et de tromperies » de la part de « marchands du temple », et contrainte désormais de se lancer dans une « campagne visant à redorer son blason et à rétablir un honneur entaché ».

« Il a été écrit que la première section s’était transformée en une centrale d’investissement. (…) Il a été affirmé que cette affaire était comparable au pire scandale de corruption qui a conduit au suicide de Roberto Calvi » : le ton a été immédiatement donné par l’avocate qui occupa jadis les fonctions de ministre de la justice dans la Péninsule.

Opération financière avec la compagnie pétrolière Falcon Oil en Angola, investissement au Crédit Lombard afin d’acheter une partie de l’immeuble de Sloane Avenue à Londres sans parler d’autres investissement douteux : « celui qui trouve un ami trouve un trésor, en l’occurrence le trésor de la secrétairerie d’Etat », a ironisé Elisa Scaroina, l’une des collaboratrices de Paola Severino. Les avocats demandent le paiement de 177 millions d’euros pour le préjudice causé à leur client.

Le 29 septembre, ce fut au tour des avocats de l’Administration du patrimoine du Siège apostolique (Apsa) et de l’Autorité de supervision et information financière (Asif) de réclamer justice pour leurs clients : « Des parasites ? Des exploiteurs ? Je laisse au tribunal le soin de décider comment qualifier les accusés », a ainsi déclaré Giovanni Maria Flick, qui a demandé de son côté 270 millions de dommages et intérêts.

De très lourdes peines financières demandées qui s’ajoutent aux peines requises en juillet dernier par le promoteur de justice du Vatican, Alessandro Diddi : pour le cardinal Becciu, 7 ans et 3 mois d’emprisonnement, ainsi que l’interdiction perpétuelle des fonctions publiques. Pour l’ancien président de l’Autorité d’information financière, René Brülhart, 3 ans et 8 mois ; 5 ans et 4 mois pour l’ancien secrétaire du cardinal Becciu, Mgr Mauro Carlino.

Neuf ans et 9 mois pour l’ancien conseiller financier de la secrétairerie d’Etat, Enrico Crasso ; 4 ans et 3 mois pour l’ancien directeur de l’Aif, Tommaso Di Ruzza Fabrizio ; 13 ans et 3 mois pour l’ancien employé du Saint-Siège, Fabrizio Tirabassi ; 4 ans et 8 mois pour Cecilia Marogna ; 11 ans et 5 mois pour le courtier Raffaele Mincione ; 7 ans et 6 mois pour le courtier Gianluigi Torzi et 6 ans pour l’avocat de ce dernier, Nicola Squillace.

Rendez-vous le 5 octobre prochain pour le début des plaidoiries des avocats de la défense. Soit le lendemain de l’ouverture solennelle du synode : l’actualité promet d’être intense les prochaines semaines, oltretevere