La cathédrale du pape souffle ses 1700 bougies

Selon Tacite, la colline du Caelius, à Rome, était jadis ombragée par une forêt de chênes. A l’époque impériale, tout ce vaste espace portait le nom de Champ-de-Mars qu’il perdit bientôt pour recevoir celui de Champ-du-Caelius, au point culminant duquel s’élevait une somptueuse habitation appartenant à la noble famille des Laterani. Autour d’elle, des constructions nombreuses, notamment des casernes.

La famille des Laterani est fameuse par plusieurs de ses membres. L’Histoire a retenu Plautius Lateranus, compromis dans la conspiration de Pison, qui fut exécuté sous Néron avec les soixante-cinq autres conjurés. Lateranus, consul désigné, n’avait aucun ressentiment personnel contre l’empereur ; il conspirait, nous dit Tacite, par amour de la patrie... Trois autres Laterani exercèrent des charges consulaires.

Juvénal fait allusion au luxueux palais dans sa dixième satire : « Mais ce qui est plus dangereux que tout le reste, c’est la possession de ces trésors qui ont déjà coûté tant de soucis, de ces immenses revenus qui surpassent les autres fortunes autant que la baleine de l’Océan britannique surpasse les dauphins. Témoin ces jours funèbres, où, par l’ordre de Néron, une farouche cohorte envahit la maison de Longin, les vastes jardins du trop riche Sénèque et le palais magnifique de Lateranus. »

C’est en 313, à l’occasion du concile où furent condamnés Donat et ses partisans qu’on rencontre la première mention d’une affectation chrétienne des édifices du Caelius. Ce concile fut convoqué par le pape Miltiade in domum Faustae in Laterano, c’est-à-dire dans le palais qui était passé aux mains de la seconde femme de Constantin, Fausta.

La donation du palais du Latran faite par l’empereur Constantin au pape saint Silvestre aurait provoqué sa guérison miraculeuse de sa lèpre et sa victoire sur Maxence au Pont-Milvius. Il est avéré que depuis l’époque de Constantin, les papes occupent le palais impérial du Latran.

Pour asseoir le pouvoir d’une Eglise sortie des catacombes, Constantin n’a pas hésité à raser l’énorme caserne à côté du palais pour établir la grande basilique qui fut consacrée le 9 novembre 324.

Une basilique qui subit de nombreux dégâts au fil des siècles : sacs de Rome, par Alaric Ier en 410, puis par Genséric en 455, tremblements de terre aux IVe et IXe siècle, incendies à répétition… Le Latran fut toujours reconstruit, restauré, embelli, parfois même par les papes d’Avignon.

La dernière restauration notable – outre celle réalisée au XVIIe siècle par l’architecte Borromini qui remanie tout l’édifice et lui donne son apparence actuelle – date du pontificat de Léon XIII (+1903).

Afin de célébrer dignement le 1700e anniversaire de sa fondation, le vicariat de Rome, présidé par Mgr Angelo De Donatis, a prévu de faire se succéder différents événements liturgiques à partir du 9 novembre 2023, jusqu’à la prochaine fête de la Dédicace en 2024.

La basilique Saint-Jean-de-Latran est dédiée aux deux grands saints proches de Notre Seigneur et prénommés Jean : saint Jean-Baptiste et saint Jean l’Apôtre. Au sommet du frontispice, au-dessus de l’entrée, se trouve la statue du Christ Sauveur. Saint Jean-Baptiste est placé à sa droite et l’apôtre saint Jean à sa gauche.