Le Chemin synodal allemand poursuit la destruction de la morale

Source: FSSPX Actualités

Présidium du Chemin synodal

La troisième Assemblée générale du Chemin synodal initié en Allemagne depuis 2019, s’est tenue du 3 au 5 février 2022 à Francfort-sur-le-Main. Les membres synodaux y étaient réunis au nombre de 213 pour continuer à discuter des textes préparés par les Forums synodaux et pour procéder à voter certains d’entre eux.

Dès avant le commencement, la pression a monté continuellement du fait des interventions de certains membres ou groupes, se plaignant de l’inefficacité du processus synodal, comme le groupe « Maria 1.0 » – des féministes extrêmement critiques – ou bien réclamant des réformes plus ou moins radicales, comme le cardinal Marx prêchant pour l’abolition du célibat sacerdotal.

Au cours de la conférence de presse, ce n’est plus de la pression, mais du chantage qui s’est élevé de la table même du Présidium, qui réunit le président de la conférence épiscopale d’Allemagne (DBK), Mgr Georg Bätzing, le vice-président de la DBK, Mgr Franz-Josef Bode, la présidente du Comité central des catholiques allemands (ZdK), Irme Stetter-Karp, et son vice-président, Thomas Söding.

Mme Irme Stetter-Karp a ainsi souligné que le ZdK interromprait l’assemblée synodale si le texte de base ou le texte d’action issu du forum synodal “Pouvoir et séparation des pouvoirs dans l’Eglise – participation commune et partage de la mission” n’étaient pas adoptés à la majorité nécessaire des deux tiers des évêques – il faut en effet une double majorité pour l’adoption d’un texte : celle de l’Assemblée synodale et celle du groupe des évêques.

Le texte d’orientation du Présidium

Un premier vote a adopté un texte « contraignant » – en fait cela signifie que les évêques s’engagent à le mettre en pratique. En deuxième lecture, 178 des 213 participants ont voté en faveur du document d’orientation dont le projet avait été présenté par le présidium. Lors du vote spécial des évêques présents, 41 ont voté pour et 16 contre. Le texte a ainsi obtenu la double majorité requise.

Le texte de 20 pages s’intitule « Sur le chemin de la conversion et du renouveau » et esquisse les bases théologiques et les critères pour les décisions à venir. Les sources les plus importantes pour les chrétiens sont donc la Bible, la tradition, le magistère, la théologie ainsi que les « signes des temps et le sens de la foi du peuple de Dieu ».

Mine de rien, c’est une révolution – et une aberration – théologique. Désormais, l’évolution sociologique et politique, ainsi que le sensus fidei, pris dans un sens finalement « statistique », pourront faire évoluer l’interprétation de la révélation. Les conséquences sont immédiates et vont être constatées dans les lignes qui suivent.

Le texte du Forum sur le pouvoir dans l’Eglise

Le deuxième texte soumis au vote jeudi a aussi été adopté par l’assemblée plénière. Le texte de base du Forum “Pouvoir et séparation des pouvoirs dans l’Eglise – Participation commune et partage de la mission” a recueilli 178 voix favorables, soit un taux d’approbation de 88 %.

Avec 74 % des voix des évêques, le texte a en outre également obtenu la majorité requise des deux tiers des évêques ainsi que la majorité également requise des deux tiers des votants non masculins (92 %), qui ont également été évalués séparément par suite d’une demande.

Le document rend hommage de manière positive aux « normes d’une société plurielle et ouverte dans un Etat de droit démocratique » – même si l’Eglise se distingue fondamentalement des processus de formation de l’opinion dans la société. Le terme central pour l’Eglise catholique devrait donc être “synodalité”.

Il n’est pas difficile de comprendre que synodalité est ici synonyme de démocratie, et de démocratie au sens moderne du terme. Autrement dit, toutes les décisions devraient être prises démocratiquement, ou du moins pouvoir être contrôlées par des recours au vote.

Le célibat sacerdotal en discussion

Le Chemin synodal sur l’avenir de l’Eglise catholique en Allemagne a adopté à une large majorité une initiative visant à assouplir la règle du célibat des prêtres. L’assemblée synodale de Francfort a adopté vendredi en première lecture, avec près de 86 % des voix, un document qui invite les dirigeants de l’Eglise en Allemagne à présenter des propositions en ce sens au pape.

Une deuxième lecture du texte avec vote obligatoire est attendue lors de la quatrième assemblée synodale en automne.

Le texte, intitulé “Célibat des prêtres – renforcement et ouverture”, souligne la valeur du célibat comme mode de vie des prêtres. Mais il demande en même temps l’autorisation des prêtres mariés dans l’Eglise catholique romaine par le pape ou par un concile. En outre, il est demandé que le pape autorise les prêtres catholiques à se marier et à rester en fonction.

Plusieurs intervenants ont critiqué l’appréciation positive de la forme de vie sans mariage contenue dans le texte et ont demandé que les risques et les effets secondaires du célibat soient nommés de manière plus critique.

Où les « signes des temps » s’opposent frontalement à la sainte Ecriture et à toute la tradition qui a toujours élevé la virginité consacrée au-dessus du mariage. Il est tout de même ahurissant de voir des individus déjà schismatiques par bien des positions, débattre prétendument au nom de l’Eglise pour demander, voire exiger, la destruction de la révélation de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Rendre des comptes à tous les niveaux

Le projet de réforme du Chemin synodal veut promouvoir la confiance et la transparence. Il faudrait pour cela mettre en place des « procédures régulières de reddition de comptes ». La DBK et le ZdK devraient élaborer un règlement cadre correspondant.

S’il existe une obligation de rendre compte du curé à l’évêque et de l’évêque au pape, il serait alors logique qu’une telle disposition existe également pour la relation entre le curé et la paroisse. Si les conseils respectifs votent à la majorité des deux tiers contre le curé ou l’évêque, ceux-ci devraient proposer leur démission – rien que cela !

Le texte d’action a été adopté en première lecture avec environ cinq sixièmes d’approbation et transmis au Forum de pouvoir de la voie synodale pour la suite du travail.

L’admission des femmes au sacerdoce

Lors d’un vote qualifié d’historique par les participants, le Chemin synodal s’est prononcé à une large majorité pour l’admission des femmes aux ministères ordonnés. L’Assemblée réunie à Francfort, a débattu en première lecture d’un texte de base allant dans ce sens.

Le document traite de l’égalité des sexes dans l’Eglise catholique et souligne que « ce n’est pas la participation des femmes à tous les services et ministères de l’Eglise qui doit être justifiée, mais l’exclusion des femmes du ministère sacramentel ». De plus, deux textes d’action ont été adoptés à une nette majorité.

Ils plaident pour un diaconat féminin ainsi que pour la création d’une commission sous l’égide du futur conseil synodal national, qui devra se pencher sur le thème du « ministère sacramentel des personnes de tout sexe ». En outre, les évêques allemands doivent également faire part de cette préoccupation au synode mondial initié par le pape François.

L’élection des évêques

Il devrait y avoir plus de droits de codécision lors de l’élection des évêques catholiques en Allemagne. L’assemblée synodale de la voie synodale s’est mise d’accord sur ce point vendredi soir à Francfort sur le Main. En deuxième lecture, 177 participants (88 %) ont voté pour, 24 ont voté contre et 6 se sont abstenus. Parmi les évêques présents, 42 ont voté pour (79 %) et 11 contre.

Le Chemin synodal exige des changements dans la morale sexuelle catholique

A une large majorité, l’Assemblée s’est prononcée en faveur d’une modernisation de la morale sexuelle de l’Eglise. Concrètement, il s’agit de modifier les déclarations sur la contraception ainsi que sur l’homosexualité dans le catéchisme. En première lecture, deux documents correspondants ont obtenu la majorité.

L’un des deux textes d’action recommande au pape de procéder à une « précision et une réévaluation doctrinales de l’homosexualité ». La sexualité homosexuelle vécue n’est pas un péché et « ne doit pas être jugée comme intrinsèquement mauvaise », selon le document.

« Comme l’orientation homosexuelle fait partie de l’identité de l’homme tel qu’il a été créé par Dieu, elle ne doit pas être jugée éthiquement de manière différente de toute autre orientation sexuelle », ajoute le texte.

C’est pourquoi les membres synodaux ont demandé que les célébrations de bénédiction soient possibles pour tous les couples. Les homosexuels et les divorcés remariés civilement devraient pouvoir faire bénir leur relation par l’Eglise catholique. Les participants se sont mis d’accord samedi à Francfort, en première lecture, sur une proposition allant dans ce sens.

Enfin, en conséquence pour les personnes employées par l’Eglise, un texte d’action plaide que les mariages civils de couples de même sexe ou de personnes divorcées ne soient plus un motif de licenciement. Ceci fait écho aux réclamations du mouvement Out in Church, qui a patronné le coming-out simultané de 125 membres du personnel de l’Eglise d’Allemagne.

Et devant tout cela, Rome se tait…