Revue de presse : les réactions après la révélation de l’affaire McCarrick

Source: FSSPX Actualités

Cardinal Théodore McCarrick.

Les opposants à Mgr Carlo Maria Viganò souhaitent détourner l’attention en transformant la révélation des méfaits du cardinal Théodore McCarrick en « affaire Viganò ». 

Ainsi Andrea Tornielli, porte-parole officieux de la Maison Sainte-Marthe, sur le site Vatican Insider le 29 septembre 2018, reprend la demande du pape François de prier spécialement en ce mois d’octobre, en précisant l’intention profonde du souverain pontife : « l’évêque de Rome est préoccupé par le scandale des abus sur mineurs, mais aussi par la montée des attaques contre le pape, la curie, les évêques, par ceux qui sèment quotidiennement la division, la haine et la moquerie envers les successeurs des apôtres, encourageant la propagation d’une mentalité schismatique. Les faits sont sous les yeux de tous : l’instrumentalisation du scandale pédophile, utilisé pour les luttes de pouvoir dans l’Eglise, la mise en accusation du souverain pontife, la critique féroce et répétée de sa personne, quoi qu’il fasse ou dise. » – Pense-t-on qu’en parlant d’« instrumentalisation du scandale pédophile », on fera disparaître le scandale lui-même ? La question est de savoir si ce qu’a dit Mgr Viganò est vrai ou faux. 

Mgr Victor Manuel Fernandez, archevêque de La Plata, en Argentine avait accordé, le 17 septembre, un entretien au site hispanophone Religión Digital. Ce prélat passe pour le théologien personnel du pape. On lui doit ainsi des passages entiers d’Amoris lætitia sur les divorcés « remariés ». Il est interrogé par José Manuel Vidal, prêtre réduit à l’état laïc, qui – sous le précédent pontificat – reprochait à Benoît XVI son opposition à la théologie de la libération. Dans cet entretien, Mgr Fernandez justifie le silence du pape face au témoignage de Mgr Viganò : « Il (François) a toujours soutenu qu’il ne convient pas de se défendre face aux personnes qui cherchent à jouer les vedettes, parce que cela revient à leur donner ce qu’ils recherchent et à alimenter toujours davantage leur mégalomanie. Je suppose que dans ce cas précis il applique ce critère ». Il voit en Mgr Viganò : un « homme consacré qui donne la priorité à ses intérêts idéologiques – bien connus – au détriment du bien des gens qui se trouvent dans la confusion et le désespoir ». Toujours selon lui, l’ancien nonce aux Etats-Unis cherche à « détruire » les réformes que le pape essaye de mettre en place de manière prudente pour « retenir chacun et éviter les ruptures ».

Sur le même site Religión Digital, le 12 septembre, le cardinal Oscar Andrés Rodriguez Maradiaga, membre du C9 chargé par François de réformer la Curie romaine, avait présenté de façon minimaliste l’inconduite du cardinal McCarrick : « Faire de quelque chose d’ordre privé un gros titre en forme de bombe qui éclate dans le monde et dont les fragments font du tort à la foi de nombreuses personnes ne me paraît pas correct. Je pense qu’une affaire de nature administrative devrait être évoquée en public avec des critères plus sereins et plus objectifs, et non avec une charge négative d’expressions très amères. » – Ce qui suscite ce commentaire très juste de Jeanne Smits sur RéinformationTV : « On retrouve ici, mais cette fois très clairement exprimée par une des plus hautes autorités de l’Eglise dans l’organigramme de François, l’idée que les pratiques homosexuelles habituelles avec des adultes relèvent tout au plus de la transgression morale individuelle, du péché ordinaire qui n’a pas à être étalé sur la place publique – et encore ! ».

Père Giovanni Scalese.

Sur ce point, le père Giovanni Scalese, barnabite en poste en Afghanistan, écrivait le 1er septembre sur son blogue Querculanus : « Les lois existent, mais qui les applique ? ». Il rappelait que dans le Droit canon trois types de délit sont condamnés : le concubinage, la situation scandaleuse (dont les relations homosexuelles) et l’abus sur mineurs. Par conséquent, pour le droit canonique, il n’y a pas que ce dernier qui constitue un délit, il y a aussi les péchés contre le sixième commandement. « Ce qui signifie qu’une fois avérés, ils doivent être opportunément sanctionnés. On ne peut pas liquider la question en disant simplement : “il s’agit de relations consenties entre adultes, à voir avec un confesseur” ».

Plus loin, le religieux italien formule l’inquiétude partagée par beaucoup dans l’Eglise : « Il semblerait que cette mentalité soit à la base de l’attitude du Saint-Siège envers le cardinal McCarrick : tant qu’il ne s’agissait que d’adultes (même s’ils étaient séminaristes), nulla quæstio ; mais dès qu’il a été accusé d’abus sur mineurs, la sanction est immédiatement tombée. On dirait qu’au-delà des règles canoniques, il y a une sorte d’accord tacite, qui fait qu’on ne doit intervenir qu’en cas d’abus sur mineurs, fermant les yeux sur d’autres conduites immorales du clergé. Ne serait-ce pas l’occasion d’appliquer les lois existantes plutôt que de se laisser inspirer par des théories périlleuses sans aucun fondement moral ou canonique ? ».

Le 11 septembre, Mgr Georg Gänswein, préfet de la Maison pontificale et secrétaire particulier de Benoît XVI, a tenu des propos très sévères sur la situation présente, rapportés par Aldo Maria Valli sur son blogue. Le prélat a qualifié de « 11 septembre de l’Eglise » l’explosion du scandale des abus sexuels dans l’Eglise, établissant un parallèle avec les attentats du 11 septembre 2001 à New York (Etats-Unis). Certes il n’y a pas eu d’églises écroulées, mais le message véhiculé par les scandales est « encore plus terrible que ce qu’aurait pu être la nouvelle de l’effondrement de toutes les églises de Pennsylvanie et de la basilique du sanctuaire national de l’Immaculée Conception à Washington ».

« Pour beaucoup, poursuit-il, tout porte à croire dès aujourd’hui que l’Eglise de Jésus-Christ ne pourra plus se remettre de la catastrophe de ces péchés qui risque de l’engloutir ». Mais de conclure que l’Eglise n’est pas morte et que tout cela est un temps de grâce, car « à la fin, ce qui nous rendra libres, ce ne sera pas un quelconque effort particulier, mais la vérité, comme le Seigneur nous l’a assuré ».