Benoît XVI sort de sa réserve

Source: FSSPX Actualités

Le pape émérite Benoît XVI sort de sa réserve en signant la postface de l’édition allemande du livre à succès du cardinal Sarah, La force du silence. En ligne de mire, il pourrait bien viser certains « spécialistes » de la liturgie récemment nommés membres de la Congrégation du culte divin qui « diluent la Parole par le verbiage ».

Le 24 mai prochain doit paraître l’édition allemande du livre du cardinal Robert Sarah, La Force du silence, grand succès en librairie de ces derniers mois. Pour l’occasion, le pape émérite Benoît XVI, vient d’écrire une postface qui défend l’idée d’une réforme de la liturgie basée sur le silence et l’adoration. Ce qui à première vue peut ressembler à un geste de bienveillance envers un prélat n’ayant jamais caché son affection et son estime pour le pape allemand, constitue aussi une certaine prise de position.

Pour en comprendre l’enjeu, le dernier paragraphe de la postface de Benoît XVI mérite d’être cité in extenso : « Nous devrions être remplis de gratitude envers le pape François, déclare le pape émérite, pour avoir nommé un tel maître spirituel à la tête de la Congrégation qui préside à la célébration de la liturgie dans l’Eglise. Certes, en matière de liturgie, autant d’ailleurs qu’en matière d’exégèse biblique, il est certain que l’on a besoin de spécialistes. Mais il est vrai aussi, à propos de la liturgie, que la spécialisation peut manquer de vue l'essentiel, si elle n’est pas enracinée dans une union profonde, intérieure avec l'Eglise en prière, qui constamment apprend du Seigneur lui-même ce qu'est l'adoration. Avec un tel maître de silence et de prière intérieure, en la personne du cardinal Sarah, la liturgie demeure entre de bonnes mains. »

Le pape émérite, qui garde une grande discrétion depuis sa renonciation, prend ici la défense du cardinal Sarah qui paraît isolé depuis les dernières nominations à la Congrégation du culte divin, où l’on a vu revenir - entre autres « spécialistes » pointés du doigt par Benoît XVI - Mgr Piero Marini, ancien cérémoniaire de Jean-Paul II et proche d’Annibale Bugnini, l’artisan du Novus Ordo Missae.

On se rappelle aussi que l’actuel souverain pontife, interrogé l’an dernier sur la Lettre du cardinal Sarah conseillant aux prêtres la célébration de la messe versus orientem au premier dimanche de l’Avent, n’avait pas cru utile d'appuyer l’initiative du Préfet de la liturgie.

En filigrane, cette postface montre aussi que le pape émérite suit l'actualité de l’Eglise, et que la question liturgique demeure toujours pour lui au cœur de la crise qu'elle traverse. Néanmoins ce n'est pas seulement par le silence et l'adoration que la nouvelle messe pourra être corrigée. En effet, c'est l'esprit même qui a présidé à la confection de ce nouveau rite, et les modifications qui l'ont profondément affecté dans le but de gommer l'aspect sacrificiel pour complaire aux protestants, qui expliquent la faiblesse de la messe de Paul VI. Avant même sa promulgation, les cardinaux Ottaviani et Bacci constataient que : « le nouvel Ordo Missae s'éloigne de façon impressionnante, dans l'ensemble comme dans le détail, de la théologie catholique de la Sainte Messe, telle qu'elle a été formulée à la XXème session du Concile de Trente ».

Ainsi conserve toute son actualité l’exhortation finale que le fondateur de la Fraternité Saint-Pie X prononça lors de son jubilé sacerdotal en 1979 : « Pour la gloire de la Très Sainte Trinité, pour l’amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ, pour la dévotion à la très Sainte Vierge Marie, pour l’amour de l’Eglise, pour l’amour du pape, pour le salut des âmes, gardez ce testament de Notre-Seigneur Jésus-Christ ! Gardez le sacrifice de Notre-Seigneur Jésus-Christ ! Gardez la messe de toujours ! ».

(Sources : iMedia/FirstThings/La Nuova Bussola Quotidiana - FSSPX.Actualités - 22/05/17)