Elections législatives : l’embarras des évêques de France

Source: FSSPX Actualités

A la veille du premier tour des élections législatives anticipées en France le 30 juin, les évêques de France ont renoncé à formuler une position commune, se bornant à la rédaction d’une prière qui devra être lue en chaire. En cause, la forte proportion de catholiques pratiquants ayant accordé leurs suffrages à la liste menée par Jordan Bardella lors du dernier scrutin.

A l’église du couvent Saint-François de Cholet (Maine-et-Loire), les paroissiens se dispersent après la messe dominicale. Interrogé par Benoît Floc’h pour Le Monde, un médecin attardé sur le parvis confie « ne pas être dérangé » d’accorder son suffrage au Rassemblement national (RN) lors des prochaines élections législatives anticipées qui doivent se tenir en France les 30 juin et 7 juillet 2024.

« J’ai des patients catholiques qui ont voté RN pour la première fois, alors qu’ils étaient macronistes », ajoute d’ailleurs le praticien, comme pour se justifier auprès d’un média peu suspect d’affinité politique avec les droites.

Un choix peu étonnant : aux européennes du 9 juin, le RN a pris la tête dans la commune, avec 27,1% des voix, devant Renaissance (21,2%). « Moins qu’au niveau national, certes, mais à Cholet, c’est un séisme politique », commente Le Monde. De plus, une étude IFOP menée après le dernier scrutin européen tend même à montrer que 28% des catholiques pratiquants ont voté pour le RN.

De quoi plonger la rue de Breteuil – siège de la Conférence des évêques de France (Cef) – dans une morosité teintée de perplexité : l’instance dirigeante de la Cef n’est ainsi pas parvenue à se mettre d’accord sur une attitude commune en vue du premier tour des élections législatives, note Le Figaro.

Difficile, en effet, d’appeler une fois de plus à « faire barrage » à un parti national-conservateur, alors que la majorité présidentielle enchaîne les projets de réformes sociétales à rebours de l’éthique catholique et du droit naturel, et qu’un nombre croissant de fidèles ne se sent plus en phase avec le progressisme affiché d’une partie au moins de sa hiérarchie.

« Le Conseil permanent de la Cef a publié, jeudi 20 juin, une prière à l’intention des fidèles (…) à relayer dans les feuilles paroissiales et à lire au cours des messes » selon La Croix. Elle « est accompagnée d’un texte qui ne s’aventure pas sur le terrain politique et donne encore moins de consignes de vote », continue le journal. Il se borne à évoquer les ressorts du « malaise social » d’une « société inquiète, douloureuse, divisée ».

Entrevoyant les turbulences sociales qui pourraient survenir au lendemain du 30 juin, les membres du Conseil permanent de la Cef, invitent les fidèles au calme : « Quels qu’auront été nos choix électoraux, nous tous Français, nous aurons encore et toujours à respecter nos concitoyens qui auront d’autres opinions que les nôtres et à œuvrer ensemble à la continuité et à l’amélioration de notre vie sociale commune », écrivent-ils.

« Demain, concluent-ils, chacun devra toujours s’inquiéter de ceux qui vont moins bien que lui. » Une réflexion qui doit certes être toujours présente à la charité des catholiques. Mais il faut avouer que bon nombre de catholiques français peuvent aujourd’hui dire que leur vie n’est guère reluisante dans un pays qui s’affaisse dans à peu près tous les domaines, tandis que la vie catholique a été anesthésiée par le concile Vatican II et qu’elle risque de sombrer corps et biens avec la synodalité.