Inhumation ou incinération ?

Source: FSSPX Actualités

Le détestable usage de brûler les cadavres humains comme rite normal des funérailles se répand dans notre pays à mesure qu’il se déchristianise. Une constante propagande lui est faite, propagande que la maçonnerie inspire, coordonne, finance. 

Au siècle dernier déjà, Mgr Chollet citait une circulaire adressée par la secte à ses adhérents : « les francs-maçons devaient employer tous les moyens pour répandre l’usage de la crémation. L’Eglise en défendant de brûler les corps affirme ses droits sur les vivants et sur les morts, sur les consciences et sur les corps, et cherche à conserver dans le vulgaire les vieilles croyances aujourd’hui dissipées à la lumière de la science, touchant l’âme spirituelle et la vie chrétienne ». 

La secte affiche ses visées anti-chrétiennes en prônant le retour au rite païen de la crémation contre la pratique bimillénaire de l’Eglise car il est incontesté que l’Eglise adopta dès l’origine l’inhumation comme mode unique de sépulture. Avec sa foi, elle propagea l’inhumation ! Avec sa foi, elle bannit les coutumes païennes de la crémation ! Il s’agit sans nul doute d’une loi formelle reçue de l’Eglise naissante, autrement dit d’une Règle apostolique, d’un précepte que les Apôtres donnèrent à l’Eglise dès son berceau. 

Grandeur de la sépulture chrétienne 

Comprenons l’attitude de notre Sainte Mère l’Eglise pour fonder notre refus en doctrine. 

La mort aux yeux du chrétien est marquée d'un double caractère : d’un caractère d’anéantissement et d’un caractère de grandeur. 

La mort châtie le péché. Avec elle sombre toute vanité terrestre. « Memento homo quia pulvis es et in pulverem reverteris : Souviens-toi homme que tu es poussière et que tu retourneras en poussière », prononce le prêtre lors de l’imposition des cendres. Mais cette mort n’entraîne pas une destruction absolue. La mort n’atteint pas l’âme spirituelle à l’instant selon ses mérites ou ses démérites, et le cadavre lui-même est promis à la résurrection au dernier jour. 

La crémation exprime certes l’anéantissement, mais en l’exagérant, en le faussant puisqu’elle exclut de son symbolisme tout retour à la vie tandis que l’inhumation quant à elle signifie et la catastrophe et l’espérance mystérieuse. Au cimetière le fidèle sommeille, se repose de ses labeurs dans l’attente du réveil : « Vos qui dormierunt, requiescant a laboribus », car si l’homme a été semé dans la corruption, il ressuscitera dans l’incorruptibilité (cf. 1 Co. 15, 42). 

L’inhumation manifeste également l’unité mystique du chrétien et du Christ qui a goûté la mort. Il est juste que nous partagions son tombeau. Ensevelis avec Lui, nous nous lèverons à notre tour. A l’ombre de la croix, le défunt attend l’aurore du jour du Seigneur !  

L’inhumation dit enfin le respect que la dépouille humaine inspire non plus pour ce qu’elle sera, mais aussi par ce qu’elle a été. Ces restes furent unis à un être aimé. C’est à travers un corps, un visage, qu’une âme a brillé. Cette dépouille a été vivifiée par une âme que la grâce avait rendu participante de la nature divine. Sur des tombeaux nous prierons, non pas devant des urnes, des récipients, non pas devant les numéros de case d’un « colombarium » froid et macabre. 

Clarté des prescriptions traditionnelles du droit de l’Eglise 

Ainsi s’expliquent et se justifient et l’usage apostolique, et l’inclination de nos cœurs, et la prescription de l’Eglise qu’il nous appartient de connaître et de faire connaître : 

Canon 1203, 1 : « Les corps des fidèles défunts doivent être ensevelis, leur crémation étant réprouvée ». 

Canon 1203, 2 : « Si quelqu’un a prescrit que son corps soit livré à la crémation, il est illicite d’exécuter sa volonté. Si elle est insérée dans un contrat, un testament ou un acte quelconque, elle doit être tenue pour non écrite ». 

Quelle peine frappera celui qui désire l’incinération, qui s’en rend volontairement coupable ? Mis au rang de pécheur public, il sera privé de funérailles et de sépulture religieuse (canon 1240) et les messes dites pour le repos de son âme ne pourront l’être qu’en la forme privée et non par une célébration publique. 

Chers fidèles, le mois de novembre nous invite à méditer sur la mort, événement tout à la fois incertain et certain : incertain quant à l’heure, certain quant à sa venue, à méditer sur notre néant et sur notre grandeur, sur notre dignité et nos responsabilités au jour du grand jugement. 

Abbé Philippe Nansenet