France : les Etats généraux de la bioéthique, un jeu de dupes ?

Fuente: FSSPX Actualités

Les Etats généraux de la bioéthique ont été lancés le 18 janvier 2018 et doivent s’achever début juillet. En quoi consiste cette consultation qui vise à cerner les attentes des Français dans la perspective de la révision de la loi de bioéthique, prévue fin 2018 ?

Le but de ces Etats généraux organisés par le Comité consultatif national d’éthique est de « recueillir de la façon la plus objective possible l’ensemble des avis de la société » sur les thèmes de la PMA (procréation médicale assistée), de la GPA (gestation pour autrui), des recherches sur l’embryon humain et sur l'euthanasie.

Une bonne soixantaine de débats publics sont prévus un peu partout en France, à l’initiative des "Espaces éthiques régionaux", au cours du premier trimestre 2018.

Dans le courant de l’été, le Comité d'éthique remettra un avis sur « les priorités qui pourraient figurer dans la loi, à la lumière de toutes les contributions qu’il aura réunies ».

L’Eglise espère « un débat où les conclusions ne sont pas écrites à l’avance » et où il sera possible de « s’exprimer sans être caricaturé », explique l’abbé Pierre-Hervé Grosjean, responsable des questions éthiques et politiques du diocèse de Versailles, au micro de Vatican News. Et le prêtre de conclure, songeur : « y aura-t-il une marge de manœuvre possible ? ».

Il y a de quoi en douter en effet. D'autant que cette marge de manœuvre est déjà très étroite, et que la situation faite à l'Eglise est pratiquement intenable.

D'une part les Etats généraux n'ont pas pour but de définir ce qui est juste, bon et utile au bien commun, mais ce que l'état de la société permet de faire pour avancer sur certains dossiers dits sensibles : en d'autres termes pour légaliser ce que la technique permet déjà et ce que le gouvernement a d'ores et déjà annoncé et préparé. Sans parler du travail de sape mené depuis des années par les groupes de pression (vulgo : "lobbys") féministes, uranistes et francs-maçons.

D'autre part l'Eglise se trouve devant un dilemme voire dans une situation impossible. Soit elle ne participe pas à ces Etats généraux et il lui sera reproché de ne pas avoir saisi l'occasion de faire entendre sa voix en une matière si importante. Elle sera alors très médiatiquement discréditée lorsque les projets de loi seront déposés par le gouvernement devant le législateur. Soit elle y participe, et accepte de fait de n'être qu'une opinion parmi d'autres, dans un jeu fort démocratique auquel elle voudrait prendre part. Cela s'appelle la "démocratie participative". Un jeu de dupes où le nombre fait la vérité, et où les mots ne signifient pas la même chose. C'est ainsi que certains invoqueront la dignité humaine pour empêcher les manipulations sur les embryons quand d'autres les justifieront pour leur fin thérapeutique, et invoqueront cette même dignité pour euthanasier les personnes en fin de vie (ou pas) ou qui le désirent (ou pas).

Dernier aspect : l'orchestration médiatique. On ne peut être que dubitatif lorsqu'on voit les résultats du sondage de l'institut Ifop pour La Croix, publiés le 3 janvier 2018 et qui tombent à point nommé. On y découvre que 64% des sondés se déclarent favorables à la Gestation pour autrui (GPA), 60% à la Procréation médicalement assistée (PMA) au sein des « unions entre personnes de même sexe », 80% à la manipulation voire à la destruction d’embryons humains à des fins médicales.

Pourtant, un autre sondage paru en juin 2017 pour OpinionWay révélait que 77% des sondés se déclaraient favorables à ce que l'Etat garantisse un père et une mère à l'enfant né de PMA. Cela montre sans doute l'inconstance de l'opinion, mais aussi l'importance de la formulation des questions et la manière dont les personnes sont interrogées, sans parler de leur ignorance ou de leur incompétence à donner leur avis sur tout.

En tout cas, le nom d'Etats généraux est fort bien choisi. C'est par ce type d'assemblée que la révolution avance.