France : l'Eglise annonce la création d’une commission d’enquête sur les abus sexuels

Source: FSSPX Actualités

La Conférence des évêques de France (CEF) a annoncé le 7 novembre 2018 la création d’une « commission indépendante », qui sera chargée de « faire la lumière sur les abus sexuels sur mineurs dans l’Eglise catholique depuis 1950 ».

Les évêques français, qui tenaient leur assemblée plénière à Lourdes du 3 au 8 novembre 2018, ont annoncé vouloir « comprendre les raisons qui ont favorisé la manière dont ont été traitées ces affaires ». Cette commission devra « apporter les éléments de compréhension », « faire des préconisations » et « évaluer les mesures prises par la Conférence des évêques de France depuis les années 2000 ».

Cette décision des évêques français intervient alors qu’ils ont reçu pour la première fois au cours de leur assemblée plénière le 3 novembre 2018 des victimes d’abus sexuels. 

Sept personnes ont ainsi pu partager leur souffrance devant l’assemblée épiscopale. « J’ai senti que, moi évêque, j’étais regardé par vous non plus comme celui qui n’avait pas su faire, ou celui qui avait eu peur, celui qui n’avait pas donné suite, mais comme quelqu’un avec qui se renouaient les liens de confiance et le désir de travailler et d’avancer ensemble », a témoigné Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille et président de la Conférence des évêques de France.

L’Eglise de France a donc souhaité une enquête en son sein, sur une période extrêmement large (depuis 1950). L’ancien vice-président du Conseil d’Etat Jean-Marc Sauvé a accepté de présider, à la demande des évêques de France, la commission sur les abus commis par des prêtres. Il n’y aura pas d’enquête parlementaire puisque la commission des lois du Sénat Français en a rejeté le principe le 17 octobre 2018. La demande des élus socialistes a été refusée par 27 voix contre 14 et 4 abstentions. La commission sénatoriale a tout simplement jugé « irrecevable » la requête d’une mise en place d’une telle commission parlementaire. Plusieurs sénateurs socialistes avaient pourtant signé la pétition lancée par le journal Témoignage chrétien qui demandait la mise en place d’une telle commission. On peut d’ailleurs s’interroger sur le rôle de la revue qui fut absente des kiosques à journaux pendant dix ans et qui, pour faire parler du retour à la vente de son édition papier le 4 octobre 2018, a lancé cette pétition. Celle-ci a reçu le soutien de treize personnalités : un avocat proche de François Hollande, des figures politiques liées à Emmanuel Macron ou encore l’ancien ministre Roselyne Bachelot-Narquin. Plusieurs personnalités catholiques apparaissent également, telles qu’Anne Soupa, présidente de la Conférence des baptisés de France, le psychanalyste dominicain Laurent Lemoine, François Devaux, fondateur de l’association La Parole libérée et Pierre Vignon, le prêtre qui a demandé en août 2018 dans les médias la démission du cardinal Philippe Barbarin. 

Interrogée par Le Figaro, Christine Pedotti, directrice de la rédaction de Témoignage chrétien, n’a pas caché l’objectif d’une « relance » du titre grâce à cette pétition sans toutefois « chercher le scandale ». Elle précise que la pétition « exige la communication des archives diocésaines » parce que l’Eglise « doit rendre des comptes » sur « ces crimes et leur dissimulation » qui « constituent une atteinte grave à l’ordre public ». 

Peut-être sous l’effet de ces multiples pressions, la Conférence des évêques de France a publié le 31 octobre 2018 un rapport sur « la lutte contre la pédophilie dans l’Eglise ». Il en ressort que 211 personnes se sont manifestées auprès des diocèses de France entre 2017 et 2018. 75 cas ont été signalés à la justice civile et 129 clercs ont été mis en cause. Sur ces 129 prêtres et diacres, 10 ont été mis en examen, 4 sont actuellement incarcérés et 5 ont purgé leur peine. On note donc que sur 129 clercs soupçonnés, 10 sont aujourd’hui mis en examen. 

Ce nombre est encore bien trop élevé mais comme le souligne le site economiematin.fr, « les statistiques officielles démontrent un phénomène mineur dans l’Eglise contrairement aux autres institutions en rapport avec des enfants ». Et comme « l’Eglise ne trouve rien de mieux que ‘tendre l’autre joue’, cette image s’installe insidieusement dans l’inconscient collectif, occultant l’immonde réalité sociale et culturelle de la pédophilie et surtout laissant les enfants à la merci des prédateurs. La paille dissimule la poutre. » Et de s’interroger : « Qui jette l’anathème sur l’Eglise et pourquoi ? Pourquoi aujourd’hui ? A qui profite l’intox ? Où sont les pédocriminels ? ».