Les mystères du Rosaire, les prophéties de l’Apocalypse et la pratique des vertus

Source: FSSPX Actualités

Le joyau de Serpotta (I/XIII)

À Palerme, en Sicile, fut fondée en 1568 la Compagnia del Santissimo Rosario in San Domenico, pieuse association vouée à la récitation du saint Rosaire dans le but d’honorer la Très Sainte Vierge Marie. Vers 1574, la confrérie s’installa dans les bâtiments actuels, à côté de l’église Saint-Dominique [1].

Au début du XVIIIe siècle, le sculpteur italien Giacomo Serpotta (1656-1732) fut chargé de donner au décor intérieur sa forme définitive. Il s’inspira de l’ouvrage de Giacomo Bruno OP, Sacro Teatro dell’Eccellenza – Prerogative e privilegi et frutti miracolosi del SS. Rosario di Maria sempre Virgine e sua confraternita, publié à Naples en 1698, pour illustrer les mystères du Rosaire par des scènes de l’Apocalypse et les vertus théologales et morales. Il donna ainsi une forme plastique aux souhaits des dévots de la Mère de Dieu : rendre un culte à la très sainte Vierge et méditer le Rosaire en rattachant chaque mystère aux racines de la foi chrétienne. Il offrit une place de choix aux vertus dont la pratique leur assurerait le salut.

Sur les murs de l’oratoire, nous pouvons aujourd’hui admirer un cycle iconographique qui comporte, en général, un tableau représentanr la scène de la vie de Notre Seigneur ou de Notre Dame médité dans le Rosaire, alterné avec une allégorie sculptée de la vertu qu’inspire ce mystère, le tout couronné par un passage du livre prophétique du Nouveau Testament mis en relief dans un médaillon.

Ainsi, par exemple, pour les mystères douloureux nous trouvons les groupes suivants :

1. L’agonie de Jésus au jardin des oliviers, la vertu d’obéissance et l’ange qui présente le livre à saint Jean (Ap. 10, 1-3) ;

2. La flagellation de Jésus, la vertu de force et Satan enchaîné pour mille ans (Ap. 20, 1-2) ;

3. Le couronnement d'épines, la vertu de patience et les vieillards qui adorent le Rédempteur (Ap. 4, 4, 10-11) ;

4. Le portement de la Croix, la vertu de mansuétude et les anges qui marquent du sceau le front des hommes (Ap. 7, 2-3) ;

5. Le crucifiement et la mort de Jésus sur la Croix, la vertu de justice et l’Agneau avec le livre aux sept sceaux (Ap. 5, 9).

Une première chose qui attire notre attention, est la corrélation entre vertus et mystères. S’ils ne sont pas ceux que nous demandons comme fruit dans notre chapelet quotidien, leur choix n’est pas arbitraire. D’autre part, le soin dans la composition et les détails des sculptures, que ce soit les allégories des vertus ou les scènes de la vision de saint Jean, ne peuvent pas nous laisser indifférents : ils offrent de quoi charmer la vue et nourrir l’esprit.

Abbé Pablo Billoni


[1] L’Oratorio del Rosario in San Domenico, Pierfrancesco Palazzotto – Cosimo Scordato, Centro S. Mamiliano, Palermo, 2002, page 36.